Définition de la charge mentale subie par les femmes:
Dans ce premier article, je vous parlerai de la charge mentale des femmes, et prochainement j’aborderai la charge mentale professionnelle (hommes et femmes). Les études sur la charge mentale ont commencé dans les années 1950 dans le monde du travail. De nos jours, il s’agit d’un mal ( ou mal-être) dont les principales victimes sont les femmes.
La charge mentale découle d’une multitude d’interpellations de la sphère privée et de la sphère professionnelle, chacune débordant sur l’autre. Afin d’arriver à gérer ces deux mondes, qui se confondent en terme de gestion, et cette « double journée », les femmes s’imposent une autodiscipline de fer pour parvenir à une chasse au temps, afin de pouvoir assumer et assurer en tant qu’ordonnatrice et exécutrice[1].
La première définition, communément reconnue et reprise de la charge mentale des femmes est celle de Monique Haicault dans son article « La gestion ordinaire de la vie en deux 1984). Elle rend compte d’une analyse sur la double journée des femmes : la gestion quotidienne du travail salarié et du travail domestique et familial. L’empiétement de ces deux univers l’un sur l’autre se traduit par le fait de penser à l’un et à sa gestion lorsqu’elles se trouve physiquement dans l’autre, et l’incapacité de s’affranchir de l’un, en étant physiquement dans l’autre. Ce phénomène complique la gestion de l’espace-temps avec une tension constante, et de perpétuels ajustements pour répondre aux différentes sollicitations.Si l’on doit donner une image « concrète » de la charge mentale des femmes, me vient celle d’un énorme boulet de plomb, sur lequel sont collés des post-it innombrables qui, en cas de manque de place, se superposent dans tous les sens, se mélangent, se confondent…
Il est important de préciser que ce ne sont pas seulement les exécutions tâches qui causent la charge mentale, mais aussi le fait d’y penser, de les organiser, de les prévoir. Il faut également tenir compte du fait de la nécessité de s’aligner et de se synchroniser avec son environnement et ses nombreuses sollicitations.
Le statut social des femmes est, selon moi, un facteur clé de l’augmentation de leur charge mentale. L’inégalité hommes-femmes dans le travail professionnel et domestique est analysée par les sociologues : L. Bereni, S. Chauvin, A. Jaunait, A. Revillard dans leur étude sur la « division sexuée du travail »[2]. Cette « division » vient de l’assignation du travail « productif » aux hommes et du travail « reproductif » aux femmes, avec une hiérarchisation, puisque le travail des hommes vaut plus, car il est mieux reconnu socialement et économiquement. Cela contribue à un rapport de pouvoir et donc de domination.
Les conséquences de la charge mentale:
La charge mentale peut avoir des conséquences sur la personne qui la subit mais pas seulement, son environnement, qu’il soit professionnel ou personnel, est également impacté:
- Sur l’individu:
La charge mentale peut causer des atteintes physiques (troubles musculo-squelettiques, dermatologiques, gastro-intestinaux tels que les ulcères, mais aussi des cystites, palpitations, oppression, douleur de poitrine, acouphènes, douleurs maxillaires ou dentaires, ou encore céphalées, migraines, crises d’asthme…), des troubles du comportement (réactions auto/hétéro agressives, troubles des conduites alimentaires, addictions, isolement, hyperactivité ou apathie, difficultés de concentration et d’apprentissage…) et également des atteintes psychiques (fatigue, irritabilité chronique, troubles du sommeil, bouffées de chaleur et hyper-sudation, crises d’angoisse, dysfonctionnement sexuel, syndrome dépressif…)
Ces manifestations doivent être très temporaires et le bien-être doit se réinstaller à court terme pour qu’il n’y ait pas de conséquences plus graves. Or les personnes soumises à la charge mentale les supportent des années en espérant que cela s’arrange tout seul sans tenter d’y remédier, et aboutissent généralement au burn-out et à la dépression.
- Sur son environnement:
Dans la sphère professionnelle, la charge mentale a pour conséquence une augmentation de l’absentéisme avec la multiplication d’arrêts maladie (de courtes et longues durée), des retards répétés, mais également une baisse de productivité et une dégradation de la qualité (produits ou services), conflits. Il me semble important de rappeler que l’une des causes les plus graves et dangereuses de la charge mentale est le harcèlement au travail.
Dans la sphère privée, on constate la détérioration de la communication (conflits, disputes) avec le conjoint, car celui qui supporte la charge mentale (professionnelle et domestique) est frustré par l’invisibilité de ses efforts dans la sphère privée. Mais les conséquences atteignent la sphère plus large (parents et amis): irritabilité et isolement de plus en plus important. Les enfants subissent également la charge mentale de leur parent: recours à des injonctions contraignantes quasi-exclusives(drivers) que l’enfant intégrera comme de profondes croyances, avec comme effet pervers une dévalorisation et une baisse de l’estime de soi. De plus, l’enfant peut souffrir de l’absence psychique du parent qui subit la charge mentale car souvent indisponible pour des moments qualitatifs, sans oublier que l’enfant est une éponge émotionnelle qui pompe l’ambiance familiale puis l’exprime par des symptômes organiques, psychiques, comportementaux, physiologiques et peut développer un comportement anxieux.
On observe que les facteurs internes qui devraient aider la personne à supporter la charge mentale participent parfois à son augmentation. Ainsi les ressources internes, les besoins, les croyances de l’individu, les parasitages auxquels il est confronté sont dus à une stratégie cognitive inefficace. Il s’agit là des champs de travail du coaching qui peut ainsi jouer un rôle préventif. Il permettrait de traiter la charge mentale avant qu’elle n’aboutisse à des conséquences graves telles que le burn out. Le coach peut aborder plusieurs thématiques inhérentes à la charge mentale, en travaillant sur les causes qui sont variables selon les individus.
Deminage de la charge mentale avec l’aide du coaching:
Le coaching, grâce à son cadre et son éthique permet, durant les séances, de créer un espace-temps distinct de la vie courante, permettant une pause dans la course au temps. Son contexte doit faciliter cet état d’esprit, le choix du lieu ne doit pas être simplement pratique mais doit permettre d’éloigner la victime d’une forte charge mentale de tout parasitage afin d’aborder les indicateurs sereinement. Le contexte des séances doit faciliter l’introspection et permettre à l’individu de se recentrer. Le domicile risque d’avoir des interférences lors de la séance, tout autant que la proximité du lieu de travail. Il faut donc réfléchir à un lieu facile d’accès qui n’augmente pas sa charge mentale en augmentant ses distances.
Le processus de coaching a pour but de contribuer au changement dans «l’ici et le maintenant», mais travaille également sur les pensées, émotions et comportements invalidants qui accentuent la charge mentale et la souffrance de l’individu qui la subit par une écoute bienveillante. Son but est d’analyser les facteurs qui ont contribué à l’évolution du phénomène (pourquoi), à son maintien (comment) et de repérer des comportements problématiques. L’objectif est de permettre à l’individu de découvrir et de développer des comportements adaptés à la réalité de sa situation, afin de retrouver un sentiment de bien-être.
En établissant cette introspection, le coach permettra ainsi de valider avec son client les éléments qui ont contribué à augmenter la charge mentale, qu’ils soient exogènes ou endogènes (les deux types interagissent). Il agira afin de clarifier et d’effectuer un état des lieux de la situation présente. Le processus s’appuie sur les ressources de l’individu, et le questionnement sur lequel il s’appuie permet au client de trouver ses propres ressources, facilité par les principes même du coaching : bienveillance, empathie, écoute active…
Mais pour se faire il est important d’identifier les valeurs du client et de les hiérarchiser, afin de déterminer comment le processus de coaching dans le cadre de la réduction de la charge mentale peut nourrir ces valeurs et de travailler sur les thèmes qui, lorsqu’ils sont affectés, contribuent à l’augmentation de la charge mentale. Il s’agit donc de travailler sur les thèmes du coaching qui sont des facteurs de charge mentale par dysfonctionnement cognitif afin de retrouver une congruence, à savoir :
– La gestion des émotions
– L’estime de soi
– Le rapport au temps
– La communication avec son environnement
– La gestion du stress
Le coaching peut avoir un rôle préventif à jouer compte tenu de la nature même de la charge mentale et celle de la pratique du coaching. Il peut apporter une réponse efficace au problème par la mise en œuvre concrète et individualisée de techniques propres au coaching mais également par son cadre. Mais il peut être également complété par des techniques complémentaires telles que la sophrologie qui se fonde sur la capacité de tout individu à modifier volontairement ses états de conscience afin d’obtenir une action thérapeutique, d’aller vers une meilleure gestion de sa vie en se fondant sur l’expérimentation .
Ghezlen FRENARD